claustrophobie
Vilaine chatte, s’écria le vieux Jules ,pas besoin de ton cadeau tu es là pour tuer les mulots ou les souris des champs, pas pour me les ramener en trophées en miaulant bêtement, la petite chatte feula et le poil dressé fit demi tour … Décidément, ces humains ne comprendront jamais les gentilles attentions que nous avons pour eux ! Quoi de meilleur qu’une bonne musaraigne qui croque sous la dent, quel plaisir de jouer avec quand elle cherche à se sauver, de planter ses griffes dans la chair tendre…
Ce jour là, le vieux Jules avait d’autres soucis en tête et pas vraiment envie de jouer lui ! Une fosse à creuser pour en faire une citerne d’eaux de pluies, déjà que ses reins lui faisaient mal !...
Jules regarda avec fierté son œuvre achevée : deux mètres de haut, il remonta péniblement l’échelle de bois, quand soudain ,un miaulement strident ! Ce maudit chat à la poursuite d’une souris, vint se percher sur l’édifice fragile ou il avait entreposé outils, planches, madrier et tuyau de PVC ; tout ce bric- à- brac trembla et finit par s’écrouler sur la tête de notre infortuné galérien , les parois de terre meules ensevelirent rapidement le vieux Jules, heureusement les matériaux de construction tombés en premier ,laissèrent une poche d’air et le tuyau de PVC miraculeusement tombé à la verticale, lui faisaient une curieuse cheminée de vie où un rond de ciel bleu était le seul lien avec le monde extérieur.
La masse de terre lui comprimait le thorax au moindre mouvement, la panique le submergea, sa respiration se faisait de plus en plus courte, il devait respirer par petites goulées avec la sale impression de devoir aller chercher toujours plus profondément l’air rare de ses poumons….
Depuis combien de temps était-il dans sa tombe, il perdit connaissance plusieurs fois, le cercle lumineux du PVC s’éteignit souvent comme une mort chaque fois renouvelée , un peu de pluie vint étancher sa soif sous forme de gouttes glissant doucement par le cordon ombilical de dix centimètres qui le maintenait en vie ,un miaulement soudain le tira de sa léthargie, quelque chose glissa le long du tube , du bout des lèvres le prisonnier effleura une petite masse sanguinolente, il pensa à une limace .. Peu importe, la faim étant trop forte , il croqua dans la chair tendre et retomba dans un sommeil peuplé de ciel bleu et de grands espaces…
A la une des journaux, les jours suivants :
« Un vieil homme survit huit jours enseveli sous la terre ! En effet, les voisins en colère d’entendre le chat de la victime miauler jour et nuit, alertèrent la gendarmerie qui découvrit le drame ! Le miraculé a regagné son domicile mais reste sous observation, les sauveteurs se perdent en conjoncture quand à la découverte sur les lieux du drame, de peaux de petits rongeurs soigneusement débarrassées de leur chair. »
Le vieux Jules, un sourire radieux illuminant son visage ,ouvrit la porte- fenêtre menant sur le jardin ,déposa une assiette avec du saumon tout frais et une écuelle d’eau , il prit avec délicatesse les trois souris mortes : « merci, Espoir, tu as fait du joli travail ce matin ,trois d’un seul coup !...
La petite chatte le fixa un moment puis replongea le museau dans son assiette en ronronnant ……..
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